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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/427

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Je n’ai point écrit à M. le duc de Richelieu ; je l’ai cru trop occupé. Je prépare pour lui ma trompette[1] et ma lyre. Partez, soyez l’Achille et l’Homère, et conservez vos bontés pour votre ancien, très-tendre, et très-attaché serviteur.


1797. ‑ AU RÉVÉREND PÈRE DE LA TOUR,
jésuite, principal de collège de louis-le-grand.
À Paris, 1746[2].

Mon révérend Père, ayant été élevé longtemps dans la maison que vous gouvernez, j’ai cru devoir prendre la liberté de vous adresser cette lettre, et vous faire un aveu public de mes sentiments dans l’occasion qui se présente. L’auteur de la Gazette ecclésiastique[3] m’a fait l’honneur de me joindre à Sa Sainteté, et de calomnier à la fois, dans la même page, le premier pontife du monde, et le moindre de ses serviteurs. Un autre libelle non moins odieux, imprimé en Hollande, me reproche avec fureur mon attachement pour mes maîtres, à qui je dois l’amour des lettres et celui de la vertu[4] ; ce sont ces mêmes sentiments qui m’imposent le devoir de répondre à ces libelles.

Il y a quatre mois, qu’ayant vu une estampe du portrait de Sa Sainteté, je mis au bas cette inscription :


Lambertinus hic est Romæ decus, et pater orbis,
Qui terram[5] scriptis docuit, virtutibus ornat.

  1. Voltaire n’eut pas à chanter Richelieu ; voyez la note 3 de la page 419.
  2. Voltaire composa cette lettre pour s’aplanir l’entrée de l’Académie française (voyez tome XXIII, page 205). Il s’en fit deux éditions sous le millésime 1746 : l’une in-8o, l’autre in-4o. Dans l’édition in-4o la lettre porte pour toute date ces mots : « A Paris, 1746, » qui ne sont pas dans l’in-8°. Nous ne conservons pas la date du 7 février, qu’on trouve dans l’édition de Kehl. Si, selon l’opinion généralement reçue, cette lettre fut faite pour se rendre admissible à l’Académie, elle doit être de la fin de mars, puisque ce ne fut qu’alors qu’une place fut vacante (voyez la lettre 1795). Cette lettre est reproduite conforme a l’édition in-4o ; mais l’edition in-8o contient des différences que nous donnons en variantes.
  3. Dans les Nouvelles ecclésiastiques de 1746, page 3, on lit « L’auteur des Lettres philosophiques brûlées par la main du bourreau… est en commerce avec le pape, tandis que des évêques, des prêtres, des religieux, des religieuses, etc., sont traites d’excommuniés. Y a-t-il encore de la foi sur la terre, etc. ? »
  4. Vertu. Je vous prie d’engager les révérends Pères qui travaillent au Journal de Trévoux à vouloir bien honorer d’une place dans leur recueil ce que je vais prendre la liberté de vous dire sur ces deux articles. Il y a quatre mois, etc.
  5. Dans la lettre 1753, à monsignor Leprotti, que nous avons donnée d’après l’original autographié, Voltaire a mis mundum.