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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/428

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Je ne crains[1] pas que le sens de ces paroles soit[2] repris par ceux qui ont lu les ouvrages de ce pontife, et qui sont instruits de son règne. S’il dépendait de lui de pacifier le monde, comme de l’éclairer, il y a longtemps que l’Europe joindrait la reconnaissance à la vénération personnelle qu’on[3] a pour lui. Monseigneur le cardinal Passionei, bibliothécaire du Vatican, homme consommé en tout genre de littérature, et protecteur des sciences aussi bien que le pape, lui montra ce faible hommage que je lui avais rendu, et que je ne croyais pas devoir parvenir jusqu’à lui. Je pris cette occasion d’envoyer à Sa Sainteté, et à plusieurs cardinaux qui m’honorent de leurs bontés, le Poëme sur la bataille de Fontenoy, que le roi avait daigné faire imprimer à son Louvre. Je ne faisais que remplir mon devoir en présentant aux[4] personnes principales de l’Europe ce monument élevé à la gloire de notre nation, sous les auspices du roi même. Vous savez, mon révérend Père, avec quelle indulgence cet ouvrage fut reçu à Rome. La gloire du roi[5], qui ne se borne pas aux limites de la France, répandit quelques-uns de ses rayons sur ce faible essai ; il fut traduit en vers italiens, et vous avez vu la traduction que Son Éminence M.[6] le cardinal Querini, digne successeur des Bembes et des Sadolets, voulut bien en faire, et qu’il vous envoya.

Ceux qui connaissent le caractère du pape, son goût et son zèle pour les lettres, ne sont point surpris qu’il m’ait gratifié de plusieurs de ses médailles, lesquelles sont autant de monuments du bon goût qui règne à Rome. Il n’a fait en cela que ce que Sa Majesté avait daigné faire, et s’il a ajouté à cette faveur celle de m’honorer d’une lettre particulière, qui n’est point un bref de la daterie, y a-t —il, dans ces marques de bonté si Honorables pour la littérature, rien qui doive choquer, rien qui doive attirer les fureurs de la calomnie ? Voilà pourtant[7] ce qui a excité la bile de l’auteur clandestin de la Gazette ecclésiastique : il ose accuser le pape d’honorer de ses lettres un séculier, tandis qu’il persécute des évêques[8] ; et il me reproche, à moi, je ne sais quel livre[9] auquel

  1. In 8° : « croyais. »
  2. In-8° : « fût. »
  3. In-8° : « qu’elle a pour lui. »
  4. In 8° : « à ces personnes. »
  5. In-8° : « Qui est chère au Romains comme à nous, répandit quelqu’un de ses rayons. »
  6. In-8° : « S. E. le cardinal. »
  7. In-8° : « cependant. »
  8. In-8° : « évêques, etc. »
  9. Les Lettres philosophiques ; voyez la note 3 de la page précédente.