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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/497

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l’ange exterminateur, et de vous ramener par des chemins tout couverts de palmes.

Cependant, très-magnifique seigneur, permettriez-vous qu’on vous adressât, à votre sublime tente, un gros paquet que Memnon[1] vous enverrait du séjour humide des Bataves ? Je sais que vous pourriez bien l’aller chercher vous-même en personne mais, comme ce paquet pourrait bien arriver aux pieds de Votre Grandeur avant que vous fussiez à Amsterdam, je vous demanderai la permission de vous le faire adresser par M. Chiquet, dans la ville où vous aurez porté vos armes triomphantes et vous pourriez ordonner que ce paquet fût porté jusqu’à la ville impériale de Paris, parmi les immenses bagages de Votre Grandeur.

Je lui demande très-humblement pardon d’interrompre ses moments, consacrés à la victoire, par des importunités si indignes d’elle ; mais Memnon, n’ayant sur la terre de confident que vous, n’aura que vous pour protecteur, et il attend vos ordres très-gracieux. V.


1868. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON[2].
Paris, le 12 juin.

L’éternel malade, l’éternel persécuté, le plus ancien de vos courtisans, et le plus écloppé, vous demande avec l’instance la plus importune que vous ayez la bonté d’achever l’ouvrage que vous avez daigné commencer auprès de M. Le Bret, avocat général. Il ne tient qu’à lui de s’élever et de parler seul dans mon affaire assez instruite, et dont je lui remettrai les pièces incessamment. Il empêchera que la dignité du Parlement ne soit avilie par le batelage indécent qu’un misérable tel que Mannory apporte au barreau.

La bienséance exige qu’on ferme la bouche à un plat bouffon qui déshonore l’audience, méprisé de ses confrères, et qui porte la bassesse de son ingratitude jusqu’à plaider, de la manière la plus effronté, contre un homme qui lui a fait l’aumône.

Enfin je supplie mon protecteur, de mettre dans cette affaire toute la vivacité de son âme bienfaisante. Je suis né pour être

  1. L’ouvrage publié, en 1747, par Voltaire, sous le titre de Memnon, a été, l’année suivante, intitulé Zadig. Voyez, tome XXI, l’avertissement de Beuchot en tête des Romans.
  2. Cette lettre, placée par Beuchot en 1746, est de 1747.