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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/514

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J’en reçois des marques bien sensibles ; j’aime son style au delà du style le plus éloquent. Je veux tâcher de me mettre au niveau, en répondant à vos sentiments par ceux que votre incomparable mérite m’a inspirés, et par lesquels vous me connaîtrez toujours tout à vous, et de tout mon cœur,

Stanislas, roi.

1888. — À MADAME DE TRUCHIS DE LAGRANGE[1],
religieuse de la visitation de sainte-marie, à beaune.
À Paris, 7 juin 1748.

PROLOGUE.

Osons-nous retracer de féroces vertus
Devant des vertus si paisibles ? etc.[2]

Voilà, madame, ce que vous m’avez ordonné. J’aurais plus tôt exécuté cet ordre, si ma santé et des occupations fort différentes de la poésie l’avaient permis. Je voudrais que ce prologue fût plus digne de vous, et répondît mieux à l’honneur que vous me faites ; mais que dire de Jules César dans un courent ? J’ai tàché au moins de rappeler, autant que j’ai pu, les idées de cette catastrophe aux idées de religion et de soumission à Dieu, qui sont les principes de votre vie et de votre retraite. Je vous prie, madame, de vouloir bien intercéder pour moi auprès du maître de toutes nos pensées. Vous me rendrez par là moins indigne de voir mes ouvrages représentés dans votre sainte maison. J’ai l’honneur d’être avec respect, madame, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Voltaire.
gentilhomme ordinaire du roi.

1889. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL
Le 10 juin.

Je n’ai point écrit à mes anges depuis qu’ils m’ont abandonné. Je suis livré aux mauvais génies. Buvez vos eaux[3] tran-

  1. Cette dame avait demandé à Voltaire un prologue pour une représentation qu’on devait donner au couvent de Beaune ; de la Mort de César. Les vers qui font partie de cette lettre étaient connus depuis longtemps ; ils avaient été imprimés dans le Journal de Paris du 28 février 1783. La lettre entière a été publiée dans l’Impartial (journal de Besançon) du 18 avril 1830.
  2. Voyez tome X, dans les Poésies mélées, n° 166,
  3. M. et Mme d’Argental étaient alors à Plombières avec le comte de Choiseul (duc de Praslin en novembre 1762). (Cl.)