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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/551

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utile. Je vous destine l’histoire de la guerre présente, que j’aurai achevée dans quelques mois. Mais, en même temps, je vous déclare que je ne veux pas absolument que vous fassiez pour moi la dépense d’un service de porcelaine. Je vous prie très-sérieusement de ne me le pas envoyer. Je recevrai avec plaisir quelques exemplaires de votre édition ; c’est bien assez, et, si vous m’envoyez autre chose, je vous avertis que je vous renverrai votre présent ; vous avez fait assez de dépense pour votre édition. Encore une fois, des exemplaires sont tout ce qu’il me faut, et tout ce que je veux.


1929. — À M. D’ARNAUD,
à paris.
À Lunéville, le 28 novembre.

Comment ! vous savez à qui l’on a donné un paquet, et que c’est M. de Montolieu qui l’a envoyé chez moi ! et vous me le mandez exactement ! Courage, mon cher ami ; vous deviendrez un homme essentiel, un homme d’importance.

Voici quelque chose de peu important que vous pouvez envoyer au roi de Prusse ; il aime ces guenilles-là. C’est une lettre[1] au duc de Richelieu, qu’un homme de vos amis lui a écrite sur la statue qu’on lui élève à Gênes. Cela ne vaut pas le Cul de Manon[2], mais je ne suis plus dans l’âge des Manons. C’est votre affaire ; mais je vous assure que je vous aime plus solidement que toutes les Manons de Paris.

Vous êtes mal instruit de l’histoire des histrions : Crébillon a retiré tous ses rôles, les a corrigés, les a rendus, et Grandval attend encore son quatrième et cinquième acte. Il aurait dû retirer aussi l’approbation qu’il a donnée à une plate parodie de Sémiramis[3], que le roi a défendue à Fontainebleau. Je me flatte qu’en récompense Arlequin donnera son approbation à Catilina. Le bon homme aurait dû se souvenir qu’on ne put pas seulement parodier sa Sémiramis. Je lui pardonne de ne pas aimer la mienne.

  1. C’est l’épitre du 18 novembre 1748 (voyez tome X).
  2. Voyez la lettre 1894.
  3. Crébillon, en qualité de censeur, avait sans doute donné son approbation à la parodie de Sémiramis ; mais l’imprimé ne contient pas d’approbation ; voyez le n° ix de la note 3, tome IV, page 485. Le nom de Crébillon est au bas de l’approbation de plusieurs brochures pour ou contre Sémiramis.