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1942. — DE STANISLAS,
roi de pologne, duc de lorraine et de bar.
Le 19 janvier.

J’ai reçu, mon cher Voltaire, votre lettre avec le manuscrit des Mensonges imprimés[1]. Rien de si vrai que ce que vous dites ; mais il est trop bon pour servir de réponse au livre imprimé, je crois, au fond de l’enfer. Ainsi je crois qu’il faudrait se servir de l’usage ordinaire de mépriser la noirceur des malhonnêtes gens, et se contenter d’être estimé des gens d’honneur, comme vous l’êtes, ce qui doit faire votre satisfaction. La mienne sera toujours de vous marquer combien je suis votre très-affectionné,

Stanislas, roi.

J’embrasse la chère Mme du Châtelet.


1943. – À M. LE COMTE D’ARGENTAL,
à paris.
À Cirey, le 21 janvier.

Ô anges ! j’aimerais mieux me jeter dans ce tombeau que de faire tournoyer Assur alentour, que de faire donner de faux avis, que de replâtrer une conspiration et de la manquer, que de faire venir Assur enchaîné, que de prévenir la catastrophe et de la noyer dans un détail de faits, la plupart forcés, nullement intéressants, et dont l’exposé serait le comble de l’ennui. Un vraisemblable froid et glaçant ne vaut pas un colin-maillard vif et terrible. J’ai fait humainement tout ce que j’ai pu ; et, quand on est arrivé aux bornes de son talent, il faut s’en tenir là. Le public s’accoutumera bien vite au colin-maillard du tombeau, quand il sera touché du reste. Voilà une très-petite partie de mes raisons ; je remets le reste au bienheureux moment où je serai dans votre ciel.

Je ne sais pas quelles sont les choses essentielles dont il faut que je parle à M. de Richelieu ; il nous mande qu’il a proscrit pour jamais les parodies. Je ne sais rien de plus essentiel pour le bon goût. Je voudrais bien être arrivé avec la petite caisse de Bar ; mais il faut que Mme du Châtelet règle ses affaires avec son fermier, et que ses forges[2] passent devant Sémiramis.

À l’égard des Slodtz, il vaut mieux leur parler, le 1er février,

  1. Voyez tome XXIII, page 427.
  2. Celles qui dépendaient du château de Cirey, et qui en sont voisines.