Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rendre au plus tôt à l’abbé Moussinot les paquets dont il a bien voulu se charger ; cela m’est très-important. Adieu, mon cher ami.


1441. — À M. DE LA NOUE,
entrepreneur des spectacles, à lille.
Bruxelles.

Eh bien, mon cher confrère, je ferai donc venir ce manuscrit de l’Enfant prodigue, qui est entre les mains des comédiens de Paris ; il est fort différent de l’imprimé. Le moindre des changements est celui que mes amis furent obligés d’y faire, à la hâte, du président en sénéchal. La police ne voulut jamais permettre qu’on osât mettre sur le théâtre un président. On n’était pas si difficile du temps de Perrin-Dandin. En Angleterre, j’ai vu sur la scène un cardinal qui meurt en athée.

Quant à la situation de la fin, je m’en rapporte à vous. Vous connaissez mieux le théâtre que moi ; croiriez-vous bien que je n’ai jamais vu jouer ni répéter l’Enfant prodigue ? Les effets du théâtre ne se devinent point dans le cabinet ; mais je ne suis point tenté de quitter mon cabinet pour aller voir la décadence du théâtre de Paris ; je ne veux y aller que quand vous ranimerez les très-languissantes Muses de ce pays-là. Poésie, déclamation, tout y périt. Si nous pouvions, en attendant, faire un petit tour à Lille, je vous donnerais Mérope, en cas que vous eussiez du loisir mais, en vérité, il n’y a pas moyen de travestir Mlle Gautier en reine douairière ; elle ne doit embellir que les rôles des jeunes princesses. Je reprends de temps en temps mon coquin de Prophète en sous-œuvre. Tous les Mahomets sont nés pour vous avoir obligation.

Bonsoir, mon cher confrère. Mille compliments, je vous prie, à Mlle Gautier.


1442. À M. WARMHOLTZ.
À Bruxelles, mai.

Monsieur, vous m’auriez fait un vrai plaisir si vous aviez pu remplir les promesses que vous aviez eu la bonté de me faire ; mais, puisque vous ne le pouvez pas, j’attendrai que votre grande et belle édition ait paru, pour corriger mon petit abrégé de l’Histoire de Charles XII, que je compte seulement faire imprimer à la suite de mes œuvres. Je ne manquerai pas alors de rendre la justice qui est due à la source où j’aurai puisé. Il est très-na-