Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome36.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dispute des modernes[1]. C’est peut-être abuser du commerce dont vous voulez bien m’honorer. J’ai lu depuis peu une histoire ancienne en deux volumes in-4o qui, par le titre, paraît traduite de l’anglais : il me semble que cela est très-savant et très-méthodique. Aura-t-on bientôt la suite ? Le libraire qui m’enverrait cette suite avec le Nova reperta serait payé sur-le-champ.

Ces Lettres sur les Français et sur les Anglais dont vous me parlez furent imprimées ridiculement, toutes bouleversées et toutes tronquées. Elles ont paru dans un désordre aussi grand sous le nom de Lettres philosophiques, et un peu moins mal dans un Recueil de mes œuvres fait à Amsterdam sous le nom de Mélanges de littérature et d’histoire. Je n’ai jamais eu la satisfaction d’être bien imprimé.

Au reste, monsieur, j’habite un pays bien stérile pour la littérature, et si vous voulez bien entretenir commerce avec moi, vous y mettrez plus que vous ne recevrez ; on n’imprime ici que des almanachs. Les journaux étrangers y sont défendus, et malgré cela on ne les fait point venir. Il est étrange de voir une telle disette dans un pays riche, peuplé et tranquille. L’Université de Louvain ne sait pas encore que Newton est venu au monde. Je n’aurais donc rien à vous mander de ce pays-ci, si Mme la marquise du Châtelet ne s’y trouvait pas. Elle est la seule philosophe du Brabant. C’est peut-être un peu dommage qu’elle préfère aux découvertes de Newton les monades et l’harmonie de Leibnitz ; mais quidquid calcaverit, rosa fiat. Elle fait toujours bien de l’honneur aux systèmes qu’elle embrasse et qu’elle éclaircit.

Je voudrais avoir quelque chose qui fût digne de vos journaux, je me ferais un plaisir de vous l’envoyer. J’ai l’honneur d’être, avec une parfaite estime, etc.


1460. — À M. THIERIOT[2]
À Bruxelles, 18 juillet.

Si vous passez quelquefois chez Briasson, le libraire, vous me feriez bien plaisir d’examiner deux livres qui sont chez lui : l’un est une Histoire universelle, en sept volumes, du père dom Calmet, que je ne connaissais pas ; l’autre est une dissertation latine faite par Bayer[3], ou par quelque autre Allemand, sur les monnaies

  1. Reflections on ancient and modern learning, by W. Wotton. (A. F.)
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Auteur de l’Historia osrhoenen et edessena, ex numis illustrata, Saint-Pétersbourg, 1734 ; et de l’Historia regni Græcorum Bactriani ; ibid., 1738. (A. F.)