Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/417

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loisir, à rendre le style de Rome aussi pur que celui de Catilina est barbare, et je ne me borne pas au style. Puisque me voilà en train de faire ma confession générale, vous saurez que Louis XIV partage mon temps avec les Romains[1] et le Duc de Foix. Je ne regarde que comme un essai l’édition qu’on a faite à Berlin du Siècle de Louis XIV ; elle ne me sert qu’à me procurer de tous côtés des remarques et des instructions ; je ne les aurais jamais eues si je n’avais publié le livre. Je profite de tout ; ainsi je passe ma vie à me corriger en vers et en prose ; mon loisir me permet tous ces travaux. Je n’ai rien à faire absolument auprès du roi de Prusse ; mes journées, occupées par une étude agréable, finissent par des soupers qui le sont davantage, et qui me rendent des forces pour le lendemain ; et ma santé se rétablit par le régime. Nos repas sont de la plus grande frugalité, nos entretiens de la plus grande liberté ; et, avec tout cela, je regrette tous les jours Mmee Denis et mes amis, et je compte bien les revoir avant la fin de l’année. J’ai écrit à M. de Malesherbes[2] que je le suppliais très-instamment d’empêcher que l’édition du Siècle de Louis XIV n’entrât dans Paris, parce que je ne trouve point cet ouvrage encore digne du monarque ni de la nation qui en est l’objet. J’ai prié ma nièce de joindre ses sollicitations aux miennes, pour obtenir le contraire de ce que tous les auteurs désirent, la suppression de mon ouvrage. Vous me rendrez, mon cher monsieur, le plus grand service du monde en publiant, autant que vous le pourrez, mes sentiments. Je n’ai pas le temps d’écrire aujourd’hui à ma nièce, la poste va partir. Ayez la bonté d’y suppléer en lui montrant ma lettre. S’il y a quelque chose de nouveau, je vous prie de vouloir bien m’en faire part. Soyez persuadé de la tendre amitié et de la reconnaissance qui m’attachent à vous pour jamais.


2365. — À UN MEMBRE DE L’ACADÉMIE DE BERLIN.
Potsdam, le 15 avril 1752.

· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

Je réponds à toutes vos questions. La plupart des anecdotes sur Mlle de Lenclos sont vraies, mais plusieurs sont fausses. L’article de son testament dont vous me parlez n’est point un roman ;

  1. Rome sauvée, que Voltaire corrigeait encore.
  2. Alors chargé de la librairie.