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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome37.djvu/528

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Il veut qu’on enivre les gens avec de l’opium, pour épier dans leurs rêves les ressorts de l’entendement humain.

Il propose de faire un grand trou qui pénètre jusqu’au noyau de la terre.

Il veut qu’on enduise les malades de poix-résine, et qu’on leur perce la chair avec de longues aiguilles ; bien entendu qu’on ne payera point le médecin si le malade ne guérit pas.

Il prétend que les hommes pourraient vivre encore huit ou neuf cents ans, si on les conservait par la même méthode qu’on empêche les œufs d’éclore. La maturité de l’homme, dit-il, n’est pas l’âge viril, c’est la mort ; il n’y a qu’à reculer ce point de maturité.

Enfin il assure qu’il est aussi aisé de voir l’avenir que le passé ; que les prédictions sont de même nature que la mémoire ; que tout le monde peut prophétiser ; que cela ne dépend que d’un degré de plus d’activité dans l’esprit, et qu’il n’y a qu’à exalter son âme. Tout son livre est plein, d’un bout à l’autre, d’idées de cette force. Ne vous étonnez donc plus de rien. Il travaillait à ce livre lorsqu’il vous persécutait, et, je puis dire, monsieur, lorsqu’il me tourmentait aussi d’une autre manière. Le même esprit a inspiré son ouvrage et sa conduite.

Tout cela n’est point connu de ceux qui, chargés de grandes affaires, occupés du gouvernement des États, et du devoir de rendre heureux les hommes, ne peuvent baisser leurs regards sur des querelles et sur de pareils ouvrages. Mais moi qui ne suis qu’un homme de lettres, moi qui ai toujours préféré ce titre à tout, moi dont le métier est, depuis plus de quarante ans, d’aimer la vérité et de la dire hardiment, je ne cacherai point ce que je pense. On dit que votre adversaire est actuellement très-malade, je ne le suis pas moins ; et, s’il porte dans son tombeau son injustice et son livre, je porterai dans le mien la justice que je vous rends.

Je suis, avec autant de vérité que j’en ai mis dans ma lettre, monsieur, votre, etc.


2459. — À M. G.-C. WALTHER.
Potsdam, 18 novembre 1752.

J’ai oublié de vous prier d’envoyer sur-le-champ un exemplaire de l’édition en sept volumes avec un exemplaire de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV à M. Roques, conseiller ecclésiastique du landgrave de Hesse-Hombourg, par Francfortsur-le-Mein. Il connaît le libraire qui contrefait votre édition du