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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/143

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tentes pour acquérir à vil prix le domaine de ces orphelins ; que je les ai forcés de renoncer à leur usurpation, et qu’ils m’ont apporté leur désistement. Voilà une bonne victoire de philosophes. Je sais bien que frère Kroust cabalera, que frère Berthier m’appellera athée ; mais je vous répète qu’il ne faut pas plus craindre ces renards que les loups de jansénistes, et qu’il faut hardiment chasser aux bêtes puantes. Ils ont beau hurler que nous ne sommes pas chrétiens, je leur prouverai bientôt que nous sommes meilleurs chrétiens qu’eux. Je veux les battre avec leurs propres armes,


Mutemus clypeos…

(Virg.,. Æn., II, V. 389.)

Laissez-moi faire. Je leur montrerai ma foi par mes œuvres[1], avant qu’il soit peu. Vivez heureux, mon cher philosophe, dans le sein de la philosophie, de l’abondance, et de l’amitié. Soyons hardiment bons serviteurs de Dieu et du roi, et foulons aux pieds les fanatiques et les hypocrites.

Dites-moi, je vous prie, s’il est vrai que ce cher Fréron soit sorti de son fort. On l’avait mis là pour qu’il n’eût pas la douleur de voir encore cette malheureuse Écossaise ; mais on se méprit dans l’ordre : on mit For-l’Évéque au lieu de Bicêtre. On fera probablement un errata à la première occasion.

Je le répète, il y a des choses admirables dans l’Héroïde du disciple de Socrate[2]. N’aimez-vous pas cet ouvrage ? Il est d’un de nos frères. Je lui dis : Χαίοε.


4399. — À M. LE BRUN.
À Ferney, 2 janvier.

Vous m’avez accoutumé, monsieur, à oser joindre mon nom à celui de Corneille ; mais ce n’est que quand il s’agit de sa petite-fille. Nous espérons beaucoup d’elle, ma nièce et moi. Nous prenons soin de toutes les parties de son éducation, jusqu’à ce qu’il nous arrive un maître digne de l’instruire. Elle apprend l’orthographe ; nous la faisons écrire. Vous voyez qu’elle forme bien ses lettres[3],

  1. Saint Jacques, ii, 18.
  2. Voyez une note de la lettre 4369.
  3. En tête de cette lettre était écrit ce peu de lignes de la main de Mlle Corneille : « J’ai trop éprouvé vos bontés, monsieur, pour que je ne vous témoigne pas