Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome41.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Prussiens ont soupé et couché dans Dresde avec des Saxonnes. C’est la loi du talion. Luc méritait d’être puni. C’est un vaurien. Mais j’ai peur qu’il ne soit trop puni, et que nous ne soyons un jour les dupes de tout ceci sur terre comme nous l’avons été sur mer.

Les Russes ont pris pour eux à Berlin toutes les vieilles : soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix, nul âge ne les rebutait ; tout était bon. Ils disaient qu’il fallait laisser les jeunes aux Autrichiens, qui ne sont pas si robustes que les Russes. Mon Dieu ! que je suis loin d’être Russe, et que vous en êtes près.

Je vous embrasse ex toto corde.


4302. — À M. DUCLOS.
À Ferney, 22 octobre.

Vous êtes ferme et actif, vous aimez le bien public ; vous êtes mon homme, et je vous aime de tout mon cœur. L’Académie n’a jamais eu un secrétaire tel que vous.

Venons d’abord, monsieur, à ce Dictionnaire que l’Académie va faire imprimer[1].

Vous aurez votre T[2] dans un mois ou six semaines. Vous n’attendez pas après le T quand vous êtes à l’A.

Non vraiment, je ne me repose point. Robin-mouton, vendeur de brochures au Palais-Royal, correspondant de Cramer, et chargé de vous présenter un Pierre, a dû commencer par s’acquitter de ce devoir.

Vous êtes très-louable d’avoir fait sentir au vieux Crébillon sa faute[3]. Je ne m’amuse guère à lire les approbations : je ne savais pas que l’auteur de Rhadamiste et d’Èlectre eût eu l’indignité d’approuver une pièce qui est la honte de la littérature ; c’était se joindre aux lâches persécuteurs des véritables gens de lettres. Mais le bonhomme radote depuis longtemps.

Puissiez-vous réunir et venger les philosophes, qu’on a voulu désunir et accabler ! Est-il possible que ceux qui pensent soient avilis par ceux qui ne pensent pas ! Il faut que je vous conte que

  1. Cette quatrième édition du Dictionnaire de l’Académie françoise parut au commencement de 1762. (Cl.) — La première édition est de 1694, année où naquit Voltaire.
  2. Ce travail de Voltaire a été joint au Dictionnaire philosophique, à la lettre T ; voyez tome XX.
  3. Comme censeur, il avait donné son approbation pour l’impression des Philosophes ; voyez tome V, page 495 ; et XL, 382.