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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/124

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félicité, et qu’il vaudrait mieux achever sa vie avec toute sa famille.

Ma chère nièce, il est triste d’être loin de vous. Lisez et relisez Jean Meslier ; c’est un bon curé.


4903. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.
Aux Délices, 20 mai.

Non-seulement je suis paresseux[1], monsieur, mais il s’est joint à ce vice une maladie qui a passé quelque temps pour mortelle ; je suis encore très-faible. Je ne peux avoir l’honneur de vous écrire de ma main. On a trouvé vos saucissons excellents ; pour moi, j’ai été bien loin d’en pouvoir manger, mais je vous en remercie au nom de tout ce qui est aux Délices.

Que vous êtes sage et heureux, monsieur, d’habiter dans vos terres, et de ne point voir de près tous les malheurs de la France ! Notre seule félicité consiste à chasser des jésuites, et à conserver environ quatre-vingt mille autres moines qui dévorent le peu de substance qui nous reste. Il est bien ridicule d’avoir tant de moines et si peu de matelots. Adieu, monsieur ; un malade ne peut faire de longues lettres. Je regrette toujours que les Délices et Ferney soient si loin d’Angoulême, et je vous regretterai toute ma vie. Comptez que vous n’avez point de serviteur plus inviolablement attaché que V.


4904. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[2].
Le 21 mai, aux Délices.

Madame, j’ai été sur le point d’aller voir si l’on fait autant de sottises dans l’autre monde que dans celui-ci. Tronchin et la nature m’ont fait différer le voyage. Voilà ce qui m’a privé de l’honneur d’écrire à Votre Altesse sérénissime. Je la suppose actuellement entourée d’officiers français qui lui font la cour, en attendant que des Prussiens viennent se présenter à son audience : car il me parait que toutes les nations font ce qu’elles peuvent pour venir vous faire leur révérence, et que vous n’avez pas toujours le choix. Les Russes pourront bien venir aussi à Gotha prendre des leçons de politesse.

  1. La dernière lettre que lui avait adressée Voltaire était du 26 février ; voyez n° 4851.
  2. Éditeurs, Bavoux et François ?