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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/138

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moi toujours, et voyagez encore trente ans de Ferney aux Délices, comme Philippe II faisait de l’Escurial au Pardo. Je n’ai point vu le Défi. Je ne crois pas que la destruction des jésuites soit utile à la France ; il me semble qu’on aurait pu les bien gouverner sans les détruire.


4920. — À M. RIBOTTE[1],
à montauban.
5 juin 1762.

La personne à qui M. Ribotte écrit a fait pendant deux mois les plus grands efforts, auprès des premières personnes du royaume, en faveur de cette malheureuse famille, qu’il a crue innocente. Mais on les croit tous très-coupables. On tient que le parlement a fait justice et miséricorde. M. Ribotte devrait aller à Toulouse s’éclaircir de cette horrible aventure. Il faut qu’il sache et qu’il mande la vérité. On se conduira en conséquence. On lui fait mille compliments.


4921. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
5 juin.

Mes divins anges, je suis aussi honteux que pénétré de toutes vos bontés ; je vous remercie de celles de M. le comte de Choiseul. M. Duclos me mande qu’on a rendu les annonces des Cramer, si ridiculement saisies. Mes Commentaires sont très-sévères, et doivent l’être, parce qu’il faut qu’ils soient utiles ; mais après avoir critiqué en détail, je prodigue les éloges en gros, j’encense Corneille en général, et je dis la vérité à chaque ligne de l’examen de ses pièces.

Je donne au public beaucoup plus que je n’avais promis. Vous aurez bientôt le Jules César de Shakespeare[2], traduit en vers blancs, imprimé à la suite de Cinna, et la comparaison de la conspiration contre César avec celle contre Auguste ; vous verrez si je loue Corneille, et Shakespeare vous fera bien rire.

La Place n’a pas traduit un mot de Shakespeare.

Vous aurez aussi la traduction de l’Héraclius de Calderon[3], et vous rirez bien davantage. Que les Français ne sont-ils dans la tactique ce qu’ils sont dans le dramatique !

  1. Bulletin de la Société de l’Histoire du protestantisme français ; Paris, 1856, page 241.
  2. Voyez tome VII, page 431.
  3. Voyez tome VII, page 487.