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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/139

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Tronchin ne sait ce qu’il dit ; le lait d’ânesse m’a fait mal. J’ai eu le malheur de travailler ; mais il est trop affreux de ne rien faire.

J’apprends dans l’instant qu’on vient d’enfermer dans des couvents séparés la veuve Calas et ses deux filles. La famille entière des Calas serait-elle coupable, comme on l’assure, d’un parricide horrible ? M. de Saint-Florentin est entièrement au fait ; je vous demande à genoux de vous en informer. Parlez-en à M. le comte de Choiseul : il est très-aisé de savoir de M. de Saint-Florentin la vérité ; et, à mon avis, cette vérité importe au genre humain.

La poste part ; je vous adore.


4922. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
7 juin.

Mes divins anges, vous ne me disiez pas que. M. le chevalier de Solar négociait la paix avec l’Angleterre ; cela est si intéressant pour mille particuliers menacés d’une ruine entière que vous pardonnerez, à moi particulier, de vous parler de mes espérances et de ma joie.

M. le comte de Choiseul ne sera-t-il point curieux de savoir de M. de Saint-Florentin la vérité touchant l’horrible aventure des Calas, supposé que M. de Saint-Florentin en soit instruit ? Peut-être ne sait-il autre chose sinon qu’il a signé des lettres de cachet.

On croit à Paris que c’est une bagatelle de rouer un père de famille, et de tenir tous les enfants dans les prisons d’un couvent, sans forme de procès ; on ne sait pas quel effet cela produit dans l’Europe.

Permettez-vous que Mlle Corneille prenne la liberté de vous adresser cette lettre ? M. le comte de La Tour-du-Pin a pris l’occasion de la mort de son père pour écrire enfin à Mlle Corneille, conjointement avec l’abbé de La Tour-du-Pin. Ils la félicitent, ils l’approuvent d’être chez moi ; ils me remercient ; ils lui témoignent beaucoup d’amitié. Elle leur répond comme elle le doit ; mais elle ne sait point la demeure de M. de La Tour-du-Pin. On s’adresse à mes anges dans tous ses embarras.

La petite poste est d’une commodité extrême pour ces envois. Je vous demande pardon des extrêmes libertés que nous prenons.

Il est clair qu’on n’a pas voulu souffrir à la tête des hôpitaux