Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre un parlement ; mais il faut secourir hardiment l’innocence et ne rien craindre. Il va paraître un mémoire pour les Calas, signé de quinze avocats de Paris. Il va paraître aussi un plaidoyer d’un avocat[1] au conseil ; ce sont des ouvrages assez longs : comment pourrai-je les envoyer à Votre Altesse ? J’attendrai ses ordres.

Je m’attendais que d’aussi belles âmes que la sienne, et celle de la grande maîtresse des cœurs, seraient touchées de cette horrihle aventure. Je me mets aux pieds de Votre Altesse sérénissime et de toute votre auguste famille, avec le plus profond respect.

Grande maîtresse des cœurs, conservez-moi vos bontés.


5060. — À M. TRONCHIN, DE LYON[2].
Ferney.

Joyar a pu vous dire qu’il n’a point de nièce qui fasse bâtir des théâtres, habille les acteurs, et donne à souper à cent cinquante personnes. Que voulez-vous que je fasse ? Il faut bien souffrir mon plaisir et le payer.

Je me flatte qu’enfin nous ferons obtenir justice aux Calas contre les roueurs de Toulouse. Je ne plaindrai pour cette affaire ni l’argent ni les soins.

Mon frère Thieriot s’en retourne, et va philosopher à Paris. Je vous supplie de lui continuer vos bontés, et de lui donner six louis d’or pour l’aider à payer sa diligence : car frère Thieriot n’est pas aussi riche que votre archevêque.

M. le maréchal de Richelieu est arrivé au moment qu’il l’avait dit, et n’a pas été mécontent de la manière dont nous l’avons reçu. Il va aujourd’hui à Genève et revient à vous mardi matin, c’est-à-dire que demain il se met dans sa dormeuse.

Le séjour de M. le maréchal de Richelieu a été assez gai : Genève a quelquefois besoin de seigneurs d’humeur gaillarde.


5061. — À M. DAMILAVILLE.
10 octobre.

Mes frères et maîtres ont donc envoyé leur réponse à M. de Schouvalow. Il est plaisant qu’un Russe favorise des philosophes

  1. Mariette.
  2. Les éditeurs de cette lettre, MM. de Cayrol et François, l’ont datée du 27 auguste ; elle ne peut être que du commencement d’octobre.