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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/271

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vous envoie. Je voudrais qu’on en connût l’auteur, et qu’il fût pendu. Il y a, dit-on, des personnes à Versailles qui croient ce bel ouvrage de moi, et c’est de Versailles qu’on me l’envoie. Il y a apparemment peu de goût dans ce pays-là ; mais je n’imagine pas qu’on puisse m’attribuer longtemps de si énormes bêtises et de si grandes absurdités. Pour peu qu’on réfléchisse, l’impossibilité saute aux yeux. D’ailleurs, je suis accoutumé à la calomnie.

Vous ne m’avez jamais dit si vous aviez présenté ma petite félicitation[1] à M. le comte de Choiseul. J’attends votre réponse sur le Tronchin, qui peut lui être utile, et qui a assez de mérite et de bien pour se passer d’être utile.

Vous pensez bien qu’en refaisant Olympie n’ai pu songer ni à Mariamne ni à Œdipe. Je ne me porte pas assez bien pour avoir à la fois trois tragédies sur le métier, et une calomnie sur les bras.

Je vous renouvelle mes tendres respects.


5064. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
11 octobre.

Je reçois la lettre, du 4 d’octobre, de mes divins anges. Tant mieux que M. le comte de Choiseul n’ait besoin de personne ; tant mieux que la prise de la Havane (que nous savions il y a huit jours) ne nuise point aux négociations de la paix ; tant mieux que les malheurs de la France et de l’Espagne, qui, réunies à la maison d’Autriche, auraient dû donner la loi à l’Europe, contribuent à cette paix devenue si nécessaire.

Pour revenir au tripot, M. le maréchal de Richelieu m’a montré un projet de déclaration du roi, enregistrable au parlement, en faveur des comédiens[2]. J’ai pris la liberté d’y mettre quelques mots qu’il a approuvés.

Il faut que mes anges n’aient pas reçu en leur temps les vers qui terminent la tragédie de Zulime tels qu’ils ont été en dernier lieu récités dans notre tripot, et tels qu’ils doivent faire effet à Paris, à moins qu’on n’ait le diable au corps.

J’ai mandé que nous avions joué Olympie ; j’étais souffleur : j’ai jugé, j’ai condamné, j’ai refait, et tout va bien. Le rôle

  1. C’est la lettre 5030.
  2. Ce projet n’eut pas de suite.