Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/272

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d’Olympie est devenu le rôle principal ; cela était absolument nécessaire.

J’ai fait part à mes anges de l’infâme tracasserie qu’on me fait : je leur ai envoyé la lettre qu’on m’impute[1]. Je serais bien fâché, pour M. le duc de Choiseul, qu’il m’eût soupçonné un moment. Comment, avec le goût et l’esprit qu’il a, pourrait-il avoir eu un si abominable moment de distraction ? J’avoue que je voudrais qu’on pût trouver et punir l’auteur de cette coupable impertinence.

Mes anges ne m’ont jamais dit s’ils avaient donné mon petit compliment à M. le comte de Choiseul.


5065. — À M. FYOT DE LA MARCHE[2].
À Ferney, 12 octobre.

Nous n’avons plus de maréchaux de France, nous avons encore un pair[3] ; mais si mon cher et respectable M. de La Marche avait été là, j’aurais bien dit : Cédant arma togæ. Allez-vous à Paris ? Quand partez-vous ? Instruisez-moi un peu de votre marche… Vous allez revoir ce que vous avez de plus cher dans votre famille ; vos amis vous retrouveront. Je ne vous pardonne de quitter votre retraite que pour revoir ceux qui vous aiment. Si vous n’aviez pas cette raison, vous seriez inexcusable. Vous savez qu’on n’est bien que chez soi et avec soi. Vous possédez à la Marche le plus bel empire, celui de vous-même. Que n’ai-je pu y être un de vos sujets ! Je vous demande en grâce, mon grand magistrat, de vous faire donner, quand vous serez à Paris, le Mémoire à consulter des Calas, signé par quinze avocats. M. d’Argental vous le procurera facilement. Vous n’êtes pas homme à croire qu’un parlement aie toujours raison. Je m’en rapporte à votre jugement sur cette affaire comme sur bien d’autres. Vous aimez la justice et la vérité encore plus que l’intérêt des classes.

Conservez votre santé, votre gaieté, et vos bontés pour moi. V.

  1. Voyez la note sur la lettre 4872.
  2. Éditeur, Th. Foisset.
  3. Le duc de Villars.