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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/293

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vriens, Hessois, et Prussiens ; je n’ai pas osé vous solliciter, mais j’ose vous remercier : la reconnaissance enhardit.

Je jette avec douleur les yeux sur la terre et sur la mer, et sur le théâtre de Paris ; je vois que les Russes et l’Opéra-Comique feront du mal : je lève les yeux au ciel dans ma douleur profonde.

Je souhaite que nos grenadiers et nos marins vous donnent de beaux sujets d’ultimatum : car quand il s’agit d’un traité de paix, ce sont leurs sabres qui taillent vos plumes.

Vous connaissez, monseigneur, le respect infini du Suisse V., et sa discrétion qui l’empêche de vous fatiguer de ses inutiles lettres.

Ah ! j’apprends dans le moment que tout le monde vous bénit, monseigneur ; et moi, je vous remercie de m’avoir fait achever une Histoire générale qui finit par le bien que vous faites aux hommes.


Le vieil Ermite des Alpes.



5087. — À M. DEBRUS[1].

Il faut, mon cher monsieur, oublier cette sottise. Votre quaker est un polisson qu’on m’avait annoncé comme un grand négociant de Pensylvanie, et il se trouve que c’est un gueux fugitif du Lyonnais. On aurait bien dû ne pas présenter chez moi une pareille espèce.

Au reste, je n’ai rien de nouveau, ni sur les Calas ni sur les choses auxquelles vous vous intéressez, depuis ma dernière lettre à M. de Végobre. Je vous souhaite une santé constante, et je vous prie d’être persuadé de tous les sentiments que je vous ai voués.


5087 bis. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
À Ferney, 10 novembre.
Vivent le roi et monsieur le duc de Praslin[2] !

Mon divin ange, quoique nos Suisses vendent leur sang à qui veut le payer[3], quoique les Genevois n’aiment pas la France pas-

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Parodie du refrain de la chanson sur Lefranc de Pompignan (voyez tome X), qui commence ainsi :

    Nous avons vu ce beau village, etc.


    Le comte de Choiseul venait d’être créé duc de Praslin.

  3. Voltaire, dans sa Henriade, chant X, appelle les Suisses :

    Barbares dont la guerre est l’unique métier.
    Et qui vendent leur sang à qui veut le payer.