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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/316

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Rien ne s’éloigne plus de l’âge d’or que les contrats de mariage. Il me semble que si quelqu’un était fait pour ramener ce bel âge sur la terre, c’était vous. Je l’ai trouvé jusqu’à présent dans ma retraite ; mais la mauvaise santé m’en ferait un siècle de fer sans un peu de philosophie. Votre amitié est un baume plus souverain pour mes maux que tous les philosophes présents et passés. Quand pourrai-je vous dire chez vous combien je vous aime et à quel point je vous respecte ? V.


5108. — À M. ÉLIE DE BEAUMONT.
À Ferney, 19 décembre.

C’est une belle époque, monsieur, dans les courtes archives de la raison humaine, que votre empressement généreux et celui de vos confrères à protéger l’innocence opprimée par le fanatisme. Personne ne s’est plus signalé que vous. Non-seulement vous êtes le premier qui ayez écrit en faveur des Calas, mais votre mémoire étant signé de quatorze avocats devient une espèce de jugement authentique dont l’arrêt du conseil ne pourra guère s’écarter. M. Mariette a travaillé judiciairement pour le conseil, et M. Loyseau, en s’exerçant sur la même matière, rend un nouveau témoignage à la bonté de la cause et à votre générosité. Tout ce que j’ai lu de vous me rend déjà précieux tout ce que vous voudrez bien m’envoyer. Vous joignez la philosophie à la jurisprudence, et vous ne plaiderez jamais que pour la raison.

Je suis enchanté que vous soyez lié avec M. de Cideville ; son ancienne amitié pour moi me donnera de nouveaux droits sur la vôtre. Je présente mes respects à Mme de Beaumont, et je vous jure que je vous donne toujours la préférence sur les autres Beaumont[1], fussent-ils papes.


5109. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
À Ferney, le 19 décembre.

Enfin donc, monsieur, j’aurai la consolation de ne point mourir sans avoir eu l’honneur de vous voir. J’étais fort malade quand j’ai reçu par M. le prince Gallitzin les douces espérances

  1. Christophe de Beaumont était alors archevêque de Paris ; voyez la note tome XXI, page 12.