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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/487

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mal d’Héraclius. Si Votre Éminence n’a pas encore reçu Olympie imprimée, elle la recevra bientôt d’Allemagne ; c’est toujours une heure d’amusement de lire une pièce bonne ou mauvaise, comme c’est un amusement de six mois de la composer, et qu’il ne s’agit guère, dans cette vie, que de passer son temps.

Votre Éminence passera toujours le sien d’une manière supérieure : car, avec tant de goût, tant de talent, tant d’esprit, il faut bien qu’un cardinal vive plus agréablement qu’un autre homme. Je conçois bien que le doyen du sacré-collège, avec la gravelle et de l’ennui, ne vaut pas un jeune cordelier ; mais vous m’avouerez qu’un cardinal de votre âge et de votre sorte, qui n’a devant lui qu’un avenir heureux, peut jouir, comme vous faites, d’un présent auquel il ne manque que des illusions. Vous êtes bon physicien, monseigneur ; vous m’avez dit que je perdrais ma qualité de quinze-vingts avec les neiges. Il est vrai que la robe verte de la nature m’a rendu la vue ; mais que devenir quand les neiges reviendront ? Je suis voué aux Alpes. Le mari de Mlle Corneille y est établi. J’ai bâti chez les Allobroges ; il faut mourir Allobroge. Il nous vient toujours du monde des Gaules ; mais des passants ne font pas société : heureux ceux qui jouissent de la vôtre, s’ils en sont dignes ! Je ne jouirai pas d’un tel bonheur, et je m’en irai dans l’autre monde sans avoir fait que vous entrevoir dans celui-ci. Voilà ce qui me fâche ; je mets à la place le souvenir le plus respectueux et le plus tendre ; mais cela ne fait pas mon compte. Consolez-moi, en me conservant vos bontés. Relisez l’Héraclius de Corneille, je vous en prie.


5289. — À M. DEBRUS[1].
16 mai. Reçu le 24.

Je reçois, monsieur, une lettre de M. Dumas sur divers objets.

Le premier est son affaire de la Martinique. J’ai pris la liberté d’implorer pour lui les bontés de M. le duc de Choiseul[2], et j’en espère une heureuse issue.

Le second objet est de savoir s’il faut laisser paraître quelque écrit sur la barbare procession de Toulouse avant l’envoi des procédures. Non sans doute.

  1. Éditeur, A. Coquerel. — Autographe. — L’adresse est : « À monsieur, monsieur de Bruce, derrière le Rône (sic). »
  2. M. de Choiseul était ministre de la marine.