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Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/26

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de mouvement & d’activité. Le petit terrain qu’elle occupe ne lui permet pas de s’enrichir en biens fonds ; la contrainte de ſa ſituation ne ſert qu’à donner plus de vigueur à ſon commerce, en tournant toutes ſes vues de ce côté-là. Qu’on aboliſſe la loi ſomptuaire, qu’on donne libre carriere au penchant du luxe & des délices ; quelle funeſte émulation va s’emparer du cœur des Citoyens. L’on veut que l’indigence égale un jour l’opulence ; elle la paſſera : les méthamorphoſes ſi fréquentes ſous l’empire du luxe autoriſent la conjecture ; & l’artiſte enrichi renoncera bientôt à un travail auquel il eſt attaché par beſoin autant que par gout. Rien ne contribue tant à faire fleurir le commerce des Hollandois que leur frugalité : ils apportent toutes les épiceries des Indes, & ils en conſument le moins ; ils tirent de la Perſe la plus grande partie des ſoyes, & ils ne ſont vêtus que de draps.

Quel bonheur pour un Etat dans lequel regne une noble ſimplicité ! Quelle ſource d’avantages pour le citoyen ! Il eſt vraiment homme parce qu’il ne connoit pas les délices : riche, parce qu’il a moins de beſoins ; content, parce qu’il a moins d’inquiétudes.

Mais comment avec des mœurs ſi ſimples, ſi