Aller au contenu

Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
ſes on eſt parvenu à détruire la légiſlation Papale ; j’eſpérois voir l’origine des Baillages qui rendirent la juſtice preſque partout depuis les Othons & celles des tribunaux appellés Parlements ou Audiences, ou Bancs du Roi, ou Echiquiers. Je déſirois de connoître l’hiſtoire des loix ſous leſquelles nos peres & leurs enfants ont vécu, les motifs qui les ont établies, négligées, détruites, renouvellées. Je cherchois un fil dans ce labyrinthe ; le fil eſt caſſé preſque à chaque article. J’ai été trompé ; j’ai trouvé l’eſprit de l’auteur qui en a beaucoup, & rarement l’eſprit des Loix. Il ſautille plus qu’il ne marche ; il amuſe plus qu’il n’éclaire, il ſatiriſe

eſt ſavante ; & ce qui eſt plus ſingulier, c’eſt que l’on ne ſait ſi l’on doit prendre ici M. D. V. pour un Canoniſte, ou pour un Juris conſulte, tant il parle doctement du droit Romain ; & du droit Canon. Mais comme ceux qui ſe piquent d’être ſavans, ne méritent aucune indulgence ; l’on obſervera à l’Auteur que les Décrétales n’ont apporté aucun changement au droit Romain : ſa juriſprudence eſt ſuivie dans les pays du droit écrit ; à cela près que quelques déciſions des Souverains Pontifes ont été adoptées dans les Tribunaux civils, comme étant plus douces, plus conformes à l’équité. L’anneau du pécheur qui excite la bile de l’Auteur n’a point fait de mal : les loix des Royaumes exiſtent, ainſi que les grands fiefs. La légiſlation du Pape s’exerce dans ſes Etats : chaque