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Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/71

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ligion y eſt autoriſée, à l’exception de la Catholique, l’intolérance du particulier ne doit ſervir qu’à lui ſeul ; elle eſt une barriere néceſſaire à la conſervation de ſa foi ; mais elle ne doit point l’animer contre quiconque ne penſe pas comme lui. La religion réprouve un zele d’aigreur & d’amertume. Le Catholique éclairé pratique la tolérance envers les autres, & réſerve l’intolérance pour lui-même : il eſt jaloux de ſa religion & laiſſe les autres penſer comme il leur plait. Lorſque l’intolérance ſe trouve réunie à l’autorité, elle en uſe avec équité, avec modération ; ſi on ſe livre à des excès, l’on s’écarte des vrais principes ; l’on manque à la religion & à l’humanité. L’intolérance qui inſpire un zele de perſécution eſt condamnable & condamnée par toutes les loix. L’amour de la vérité s’inſinue par la voye de la douce perſuaſion, la ſeule qui lui ſoit analogue : les cœurs ſe ferment à la force & à la violence : venons aux Docteurs de la nouvelle ſapience.

Ils demandent la tolérance, perſonne n’en parle plus hautement ; mais qu’elle ſorte de tolérance exigent-ils ? & leur démarche eſt-elle juſte ?

Si l’on en juge par cet air d’intérêt qu’ils prennent, ne diroit-on pas que le bien général de l’humanité,