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Page:Voltaire - Idées républicaines, augmentées de remarques, éd. Needham, 1766.djvu/72

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la paix & la félicité de la ſociété civile, ſont le grand mobile du zele qui les anime ? Leurs vues ne ſont pas ſi déſintéreſſées qu’elles paroiſſent.

La Religion eſt un témoin irréprochable & incomode qui s’éleve contre leur maniere de vivre & de penſer ; ils ne peuvent l’aimer, ils cherchent à la détruire ; intérêt de haine : un ſyſtême accrédité, quel qu’il ſoit, fait voltiger leur nom dans les cercles des beaux eſprits, & leur fait des partiſans ; intérêt de vanité. Or comment donner quelque ſuccès à ce double intérêt, ſi ce n’eſt en ſortant des ténébres dans leſquelles ils périroient avec leur impiété ; le point eſſentiel pour eux eſt donc la liberté de ſe produire par leurs ouvrages, & d’être lus. Ne cherchons point ailleurs l’objet réel de la tolérance qu’ils affectent de reclamer pour le bonheur du genre humain, & ſous le voile de laquelle ils travaillent inſenſiblement à ſubſtituer leur nom à celui de Dieu même & à ériger ſur les ruines de la Religion un temple à la Philoſophie moderne.

Cette tolérance eſt-elle légitime, doit-elle leur être accordée ? cette queſtion eſt aſſès décidée par ce qui a été dit : le droit eſt clair contre nos Philoſophes ; mais le fait eſt pour eux : Londre, Paris,