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Page:Vrain-Lucas, Le parfait secrétaire des grands hommes, Cité des livres, 1924.djvu/93

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d’Aristote, rampoient devant ses décisions obscures et se traisnoient depuis deux mille ans sur ses vestiges. La raison condamnée au silence se trouvait abattue sous l’autorité qui protégeait l’erreur. Une démence plus triste qu’une ignorance absolue faisoit croire qu’on pouvoit dans des livres inintelligibles embrasser la science universelle. Une espèce d’idolâtrie consacrait des mots vuides de sens comme des oracles. Ceux qui par estat devoient éclairer la nation lui présentoit des mots sans idées et dont ils se payoient les premiers. La logique, confuse, embarrassée, était barbare et ridicule ; la métaphysique, un assemblage de questions bizarres et frivoles ; la physique, malgré quelques lueurs, un enchaînement de rêveries. C’estoient des qualités occultes qui régissoient la nature, une doctrine subtile et raffinée. Tel étoit l’aliment, vuide de substance, dont se nourrissoient des esprits opiniâtres et surtout violemment amoureux de la dispute, au moment où Descartes fit briller une nouvelle clarté, ainsy que nous le verrons.

Je ne vous dit plus rien cejourd’huy, Monsieur et jeune amy, et suis vostre bien affectionné,


Pascal.