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Page:Wagner - Dix Écrits, 1898.djvu/200

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DIX ÉCRITS DE RICHARD WAGNER

enivrés ; vous désirerez tout au moins voir une pièce dans le genre de Guillaume Tell, où figurent également des chasseurs et des paysannes, et autres belles choses qui sont du ressort de la vie champêtre. Après ces danses, vous n’entendrez ni ne verrez rien de tout cela ; dans tout cet acte, vous n’aurez que l’air : À travers les bois, à travers les prairies, une chanson à boire de vingt mesures, et au lieu d’un finale, vous aurez un air. Mais je me trompe, vous aurez le récitatif, qui vous fera entendre les plus puissants accords, où se révéleront un caractère, une vie musicale, comme on en aura rarement créé, j’en suis convaincu d’avance, car je sais jusqu’à quel point la verve de votre plus grand compositeur de musique instrumentale s’exaltera, pour n’ajouter que de belles et grandioses inspirations à l’œuvre du maître qu’il révère et qu’il admire ; et c’est précisément pour cela que vous ne connaîtrez pas le Freischütz, et peut-être même ce que vous entendrez ne vous inspirera-t-il pas le désir de le voir tel qu’il est dans la naïveté de sa forme primitive.

Et s’il apparaissait réellement devant vous tel qu’il est dans toute sa simplicité, dans toute sa candeur ; si au lieu de toutes ces danses compliquées, apprêtées, qui, sur votre grande scène, accompagnent le cortège de la fiancée, vous n’entendiez que la petite chanson que fredonnaient les philosophes de Berlin, ainsi que je l’ai dit