Aller au contenu

Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
ACTE PREMIER

Son œil fuyant et soucieux
S’efforce d’éviter mes yeux ! —
Qu’en penses-tu, dis-moi ?

BRANGAINE.

Qu’en penses-tu, dis-moi ? Qui veux-tu dire ? —
Tristan ? le preux que l’on admire ;
La fleur des paladins ?
La gloire de l’empire ;
L’égal des Souverains ?

YSEULT,
la raillant

Le traître qui se vante,
Esclave de sa foi,
De livrer la vierge mourante
À son Seigneur et roi ! —
T’embrouilles-tu, dans mon poëme ?
Cet homme franc peut, mieux que moi,
Te l’expliquer lui même. —
Il sait qu’à son respect j’ai droit ;
Il sait qu’il manque aux égards qu’il me doit ;
S’il hésite à me rendre hommage
Et s’il a peur de mon visage,
C’est qu’il sait bien pourquoi ! —
Va trouver l’orgueilleux, porte-lui mon message ;
Qu’il se jette à mes pieds, et subisse ma loi !

BRANGAINE.

Lui dirai-je qu’on le réclame ?

YSEULT

Va dire au serf : qu’il est à moi,
Et qu’il me craigne, moi, sa dame !