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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/15

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ACTE PREMIER

Sur un geste souverain d’Yseult, Brangaine s’éloigne. Baissant la tête, elle passe près du groupe des matelots et traverse le pont, en se dirigeant vers le gouvernail. Yseult la suit d’un regard fixe, en reculant vers son lit de repos. Elle y reste assise pendant la conversation qui suit, le regard toujours fixé sur la poupe du navire. Kourwenal voit arriver Brangaine. Sans se lever, il tire Tristan par un pan de son vêtement.

KOURWENAL

Prends garde, maître, Yseult en veut à toi.

TRISTAN,
tressaille, mais se remet promptement pour recevoir Brangaine, qui s’incline devant lui.

Yseult ? — à moi ? — C’est vous, Brangaine !
Que désire ma souveraine ? —
Remplir ses voeux est mon premier devoir.

BRANGAINE.

Le mien, messire ! ici m’amène,
Car ma maîtresse veut vous voir.

TRISTAN.

C’est un ennui cruel qu’un long voyage ;
Mais nous touchons au port ; — Prenez courage !
Et que ma reine noble et sage
M’excuse, en sa bonté !

BRANGAINE.

Auprès d’Yseult il faut vous rendre,
Telle est sa volonté !

TRISTAN.

Nous approchons du havre, où Marke doit l’attendre ;
Nous y serons avant ce soir !
Pour la mener au prince, alors j’irai la prendre,
C’est mon office et mon devoir !