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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/31

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ACTE PREMIER

Pour que ton prince, oubliant ton service,
Put pardonner, sans te faire injustice,
Si je versais le sang de son vassal ?
Mets ton glaive au fourreau, ma colère est calmée,
Je l’ai pesée, un jour, j’ai brandi ton épée,
Mais tandis que ton œil, par un lâche larcin,
Au profit de ton roi, me volait mon image,
Le fer a glissé de ma main… —

Elle fait un signe à Brangaine, qui tressaille et reste hésitante. Yseult l’excite à l’obéissance d’un geste plus impérieux ; Brangaine, vaincue, va préparer le breuvage.

LES MATELOTS.

Ôhé ! ôhé !
Au mât d’avant, carguez la voile !
Ôhé ! ôhé !
Serrez la toile !

TRISTAN,
sortant brusquement de sa rêverie.

Où suis-je ?

YSEULT.

Où suis-je ? Près de terre. —
Parle, me fais-je entendre ? — as-tu compris, Tristan ?

TRISTAN,
sombre.

Ma maîtresse est prudente et m’invite au mystère ;
Si j’ai compris ce qu’elle veut me taire,
Je dois taire à mon tour ce qu’elle ne comprend.

YSEULT.

Prétextes vains ! Si ton cœur se repent,
Viens m’en donner la marque.