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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/67

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ACTE TROISIÈME

Je la cherche, je l’appelle
Tout mon être tend vers elle ! —
La mort avait fermé pour l’éternel sommeil,
La porte du royaume sombre ;
La voilà qui se rouvre aux rayons du soleil ;
Fatal réveil !
Les yeux brillants et clairs il faut sortir de l’ombre,
Pour l’étreindre, pour le saisir
Le trésor adoré, la chère femme
En qui mon âme
Voudrait s’anéantir. —
Mais le jour m’étouffe et m’oppresse,
Son éclat farouche me blesse
Et ses fantômes odieux
M’ont troublé l’esprit et les yeux.
Ô jour cruel ! Ô jour barbare !
Dois-je te voir briller toujours ?
Va-t-il brûler toujours ce phare,
Qui, la nuit, mème nous sépare ?
Ô mon Yseult, ô mes chères amours,
Quand s’éteindra cette torche exécrée
Pour m’annoncer l’heure espérée ?
Quand s’éteindra ce feu maudit,
Quand verrai-je régner la nuit ?

KOURWENAL.

La femme que brava ton serviteur fidèle,
Ainsi que toi, je l’attends et l’appelle.
Tu la verras, ici même, aujourd’hui
Tu la verras, je te le dis,
Si toutefois elle est vivante.

TRISTAN,
d’une voix épuisée.

Je vois briller encor la torche décevante,