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ACTE TROISIÈME

Yseult est vivante et m’attend ;
Mon âme la voit et l’entend.

KOURWENAL.

Puisqu’elle vit, laissons l’espoir renaître. —
Si Kourwenal est simple, il n’est pas sot, cher maître, —
Tu gisais sur ta couche, ainsi qu’un trépassé,
Depuis le jour où Mélot t’a blessé. —
Comment sauver le héros que j’adore ?
Hélas, pauvre homme, j’ai pensé
Que la main, qui jadis t’avait pansé,
Pouvait fermer ta plaie et te sauver encore.
Vers Cornouaille, alors, j’ai fait partir
Un homme sûr, qui la ramène
L’enchanteresse souveraine,
Dont la science va promptement te guérir.

TRISTAN,
hors de lui.

Yseult arrive ! Yseult approche !
Âme fidèle, coeur sans tare et sans reproche !

Il attire Kourwenal sur sa poitrine et le presse dans ses bras.

Mon Kourwenal,
Ami loyal.
Comment le reconnaître
Ce dévouement qui te lie à ton maître ? —
Vingt fois tu m’as sauvé
D’une mort trop certaine ;
Je t’ai toujours trouvé,
Dans la joie ou la peine ;
Mon ennemi c’était le tien,
Ceux que j’aimais tu t’en fis le soutien ;
Quand je servais mon noble et bon monarque
Nul plus que toi ne fut fidèle à Marke