L’ardent désir dont tu m’embrases l’âme,
Rien ne-peut plus en éteindre la flamme,
Rien ne peut me guérir de mon amour ! —
La nuit me chasse et me rejette au jour,
Ce jour impitoyable,
Dont la clarté m’importune et m’accable,
Ce jour cruel, aux funestes splendeurs,
Qui verse dans mon sang ses brûlantes ardeurs ! —
Est-il sur terre un endroit qui m’abrite
Et me dérobe à ta flamme maudite ?
Est-il, hélas, un baume, assez puissant,
Pour calmer ma souffrance et raffraîchir mon sang ? —
Ô philtre redouté qui troubles ma raison,
C’est moi, c’est moi, qui brassai ton poison ;
Des soucis de mon père.
Des tourments de ma mère,
De mes propres douleurs,
De mes cris, de mes pleurs,
De ris et de larmes
D’espoirs et d’alarmes
J’ai préparé
Ce breuvage exécré,
Où j’ai puisé, — monstrueux maléfice, —
L’amour ardent qui me met au supplice ! —
Ô philtre, sois maudit !
Maudite la main qui te fit !
qui s’est efforcé d’apaiser Tristan, s’écrie avec épouvante.
Ô maître ! maître ! — ô magie odieuse !
Amour trompeur ! chimère creuse !
Mirage du coeur et des yeux ! —
Est-ce donc vrai qu’on m’abandonne ? —
Te voilà maintenant, cœur noble et généreux,