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ACTE TROISIÈME

Tu dois le voir toi-même. — As-tu compris ?
Monte à la tour. — Qu’est-ce donc qui t’attarde ? —
C’est le vaisseau, je te le dis ! —
Yseult est là ; — vois-tu ? — regarde ! —
Tu dois la voir ! — Va-t-en vite, obéis !

Tandis que Kourwenal hésitant, résiste aux injonctions de Tristan, le chalumeau du berger donne le signal attendu.

KOURWENAL.

Ô bonheur ! ô délire !
Il monte précipitamment à la tour et regarde au loin.
La nef ! la nef ! — Le voilà, le navire !

TRISTAN.

L’ai-je vu ? l’ai-je dit ? que mon Yseult respire
Et vit ! Si ce trésor n’était plus ici-bas,
Me serais-je arraché des liens du trépas ?

KOURWENAL.

Hourra ! Hourra ! Comme il se presse !
Comme il danse et bondit sur les flots de la mer !

TRISTAN.

Quel drapeau flotte au mât ?

KOURWENAL.

Quel drapeau flotte au mât ? Le drapeau d’allégresse.
Il frétille au souffle de l’air.

TRISTAN.

Ô mon âme, exulte, ô mon cœur, sois fier !
Yseult s’avance ! Yseult est proche ! —
Dis, la vois-tu ?