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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/82

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ACTE TROISIÈME


MARKE.

Ô misère ! — Ô douleur !

À Tristan.

Ô cœur superbe ! Ô noble cœur !
Pourquoi faut-il que cette mort cruelle
Trompe l’espoir si doux qui m’a conduit ici ?
Réveille-toi, de grâce, et rouvre ta prunelle,
Infidèle et fidèle ami !

BRANGAINE,
entourant de ses bras Yseult qu’elle a ranimée.

Elle vit, elle vit ! — Yseult respire ! —
Ma fille, écoute-moi :
Le philtre… et ton délire…
J’ai tout appris au roi.
Tout aussitôt il a suivi ta trace,
Pressé de faire grâce,
De t’unir à l’époux que ton cœur a choisi.

MARKE.

Yseult, pourquoi m’avoir caché ceci ?
Sitôt que j’eus compris ce mystère funeste,
Mon cœur s’est apaisé, trop heureux, je l’atteste,
De rendre hommage aux vertus d’un ami. —
Je te suivis à pleines voiles,
Mais qui peut triompher du pouvoir des étoiles ?
Je n’ai fait que grossir la moisson de la mort,
Aveugle complice du sort !

BRANGAINE.

Un mot, Yseult… un seul… tout bas ! —
Es-tu muette, ou ne m’entends-tu pas ?