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Page:Wagner - Tristan et Yseult, 1886, trad. Wilder.djvu/83

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ACTE TROISIÈME


Yseult restée sans mouvement pendant la scène précédente, ouvre les yeux et les tourne vers Tristan, qu’elle contemple avec un enthousiasme extatique, qui grandit jusqu’à la fin.

YSEULT.

Quelle paix auguste et sainte
Sur sa face s’est empreinte
Quel sourire fier et doux ! —
Comme il brille, comme il rayonne !
D’astres d’or son front se couronne ! —
Le voyez-vous ? —
Dans l’espace il monte et plane
Comme un esprit subtil et diaphane ! —
Un torrent de lumière, un éclat radieux
De tout son être émane
Et fait pâlir le soleil dans les cieux. —

Vers les sphères infinies,
De célestes harmonies
Montent, dans l’air limpide et pur,
Et nous emportent, vers l’azur,
Sur les ailes de l’aurore,
Dans un tourbillon sonore. —

Chants délicieux,
Sons mélodieux !
Êtes-vous le souffle des brises
Ou des flots de vapeur exquises ? —

Dans vos ondes parfumées,
Dans vos vagues embaumées,
Je m’élance, dans ma joie ;
Je me plonge, je me noie ; —
Dans le gouffre
De l’éther infini béni,
Dans ton âme sublime