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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/103

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nous ferait disparaître. Il attend que nous allions vers lui et disparaissions.

À la mort, les uns disparaissent dans l’absence de Dieu, les autres dans la présence de Dieu. Nous ne pouvons pas concevoir cette différence. C’est pourquoi, à titre d’approximation saisissable pour l’imagination, on a forgé les représentations du paradis et de l’enfer.


Essence de la foi : Il est impossible de désirer vraiment le bien et de ne pas l’obtenir.

Ou réciproquement : ce qu’il est possible de désirer vraiment sans l’obtenir n’est pas vraiment le bien.

Il est impossible de recevoir le bien quand on ne l’a pas désiré.

C’est là ce que signifie le précepte, de ne tenir à rien qu’à ce qui dépend de soi.

Mais cela ne veut pas dire ce qu’on a en soi ou ce qu’on peut se procurer par sa volonté. Car tout cela est misérable et sans valeur. Il s’agit d’un objet de désir humble et désespéré, de supplication.

Le bien est quelque chose qu’on ne peut jamais se procurer par soi-même, mais qu’on ne peut jamais non plus désirer sans l’obtenir.

C’est pourquoi notre situation est tout à fait semblable à celle de petits enfants qui crient qu’ils ont faim et reçoivent du pain.

C’est pourquoi les suppliants de toute espèce sont sacrés, la supplication est sacrée.

On a le devoir d’accorder tout ce qu’on n’a pas le devoir de refuser.

Rameau d’olivier. L’arbre du Saint-Esprit, emblème des suppliants.

Dieu a séparé en ce monde le bien et la force et gardé pour lui le bien.

Ses commandements ont la forme de demandes.


Tout ce que nous nous procurons par notre volonté et nos efforts, et tout ce que les circonstances extérieures accordent ou refusent au gré du sort, est absolument