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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/120

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Il souffrait une souffrance presque infernale, mais qu’importe ce détail ?

C’est pour les faux biens que désir et possession sont différents ; pour le vrai bien, il n’y a aucune différence.

Dès lors Dieu est, puisque je Le désire ; cela est aussi certain que mon existence.

Je me trouve en ce monde avec mon désir collé sur des choses qui ne sont pas des biens, qui ne sont ni bonnes ni mauvaises. Je dois l’en arracher, mais cela fait saigner.

Il n’est pas étonnant que tant que le désir est collé sur ces choses il soit différent de la possession, puisqu’il lui faut du bien et qu’elles ne sont pas des biens.

Dès qu’il se décolle et se tourne vers le bien, il est possession.

Mais cela ne se fait pas d’un coup pour tout le désir de l’âme. D’abord pour une partie infinitésimale.

Cependant ce grain de désir qui est possession est plus fort que tout le reste du désir qui est vide.

Si je désire seulement désirer le bien, en désirant le bien je suis comblée.

Ce n’est pas plus difficile que cela.

Et je n’ai pas besoin de me représenter quelque chose sous ce mot. Au contraire, il faut que l’objet de mon désir soit seulement la réalité complètement ignorée de moi qui est derrière ce mot.

Je désire exclusivement le bien (je veux dire que je devrais être ainsi), mais de cette chose que je désire exclusivement je sais que je ne connais absolument rien sinon le nom. Et pourtant mon désir est parfaitement comblé, et il ne me faut absolument rien d’autre.

Le secret du salut est tellement simple qu’il échappe à l’intelligence par sa simplicité. Il a l’air d’un calembour.

Il en est ainsi pour les passages des Upanishads sur l’Atman.

Mais ce n’est pas tout que d’avoir le secret. L’application n’est pas facile, parce que le désir colle à ces choses qui ne sont pas des biens.