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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/186

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Dieu charge le mal de nous apprendre que nous ne sommes pas.

Le désir et l’illusion d’être, de la part des créatures, suscitent le mal, et le mal leur apprend qu’elles ne sont pas. Dieu ne se mêle pas de cette première pédagogie.

Ceux qui ont pleinement reconnu qu’ils ne sont pas sont passés du côté de Dieu. Loin d’apprendre aux autres créatures qu’elles ne sont pas, ils les traitent selon la fiction qu’elles sont.

La création est une fiction de Dieu.

La quantité de mal dans le monde est rigoureusement égale à la quantité de châtiment nécessaire. Seulement elle frappe au hasard.

Souffrir le mal est l’unique manière de le détruire.

Aucune action ne détruit du mal, mais seulement la souffrance en apparence inutile et parfaitement patiente.

L’existence imaginaire des créatures pensantes qui croient exister est ce qui retombe sous forme de mal. Le mal est illusoire, et quiconque est sorti de l’illusion est affranchi de tout mal. De plus c’est une illusion qui dans certaines conditions pousse elle-même hors de l’illusion.

L’enfer, c’est de s’apercevoir qu’on n’existe pas et de ne pas y consentir.

La pureté attire le mal qui vient s’y coller pour être détruit comme les papillons dans la flamme.

Tout doit passer par le feu. Mais ceux qui sont devenus flamme sont chez eux dans le feu. Mais il faut avoir traversé l’enfer pour devenir feu.


Usage de la douleur physique. Que dans n’importe quel degré de douleur, quand presque toute l’âme crie intérieurement « Que cela finisse, je n’en peux plus », une partie fût-elle infinitésimale de l’âme dise : « Je consens à ce que cela dure pendant la perpétuité des temps, s’il convient à la sagesse divine qu’il en soit ainsi. » L’âme est alors coupée en deux. Car la partie sensible de l’âme ne peut pas — du moins à certains moments — consentir à la douleur. Cette division en deux de l’âme est une seconde douleur, une douleur