Aller au contenu

Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De même que le corps est un puissant instrument de salut.

Part de la beauté du monde dans l’Ancien Testament.

La beauté du monde a presque disparu du christianisme parce que l’Empire romain en a fait une religion politique.


La matière qui a causé la perte procure le salut. C’est la lance dont le contact commence à guérir la plaie qu’elle a causée. Cf. l’histoire du Graal.

Le corps est un levier par lequel l’âme agit sur l’âme. Par la discipline imposée au corps, l’énergie errante de l’âme s’épuise d’elle-même. Si on attache une chèvre, elle tire et tire, tourne en rond, tire encore, pendant des heures et des heures ; et enfin, épuisée, elle se couche. De même la partie errante de l’âme quand le corps est cloué. Elle s’agite, mais malgré elle est toujours ramenée au corps, et finalement s’épuise et disparaît.

L’âme doit avoir été divisée en deux avant qu’une partie puisse ainsi utiliser le corps contre l’autre.

Non seulement cela, mais il faut que la partie éternelle de l’âme soit obéie du corps.

Cela se fait sans violence. Le corps consent à cette domination.

La partie éternelle de l’âme ayant conçu un commandement au corps, le corps ne peut pas faire autrement qu’obéir.

S’il en est autrement, le commandement n’est pas parti du point éternel de l’âme, ou bien l’attention ne s’est pas arrêtée sur le commandement.

Le corps est une prison. La partie spirituelle de l’âme doit s’en servir pour enfermer, emmurer la partie charnelle. Le corps est un tombeau. La partie spirituelle de l’âme doit s’en servir pour tuer la partie charnelle.

Que mon corps soit un instrument de supplice et de mort pour tout ce qui est médiocre dans mon âme.

Il faut quelquefois faire violence à sa pensée, quelquefois clouer le corps et laisser la pensée s’épuiser. Mais il