Aller au contenu

Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lucifer voulait être Dieu. Quoi de plus naturel ? L’amour seul fait consentir à n’être pas Dieu. L’amour fait consentir à être n’importe quoi, ou rien. L’amour est parfaitement satisfait par la pensée que Dieu est. Il faut aimer ainsi, ou être comme Lucifer ; tout le reste est servile.


Si le ciel était comme ils le peignent, on y serait plus malheureux que sur terre ; car sur terre on peut espérer parvenir plus tard à n’importe quel degré de perfection, au lieu qu’au ciel, tel qu’ils le décrivent, bien que les uns vaillent moins que les autres, et par suite tous moins qu’il n’est possible de valoir, on sait qu’il n’y a plus jamais aucun progrès.

Combien il faut que l’empire romain ait empoisonné le christianisme, pour qu’ils décrivent le paradis comme une cour de souverain ?


Dans un village de campagne, la parabole sur le grain dont le Semeur n’a plus à s’occuper quand il est jeté, parce qu’il pousse tout seul, que personne ne doit travailler à faire grandir, parce que de lui-même il grandit, pourrait servir de thème au sermon chaque dimanche, des semailles à la moisson. Cette seule pensée suffit si elle accompagne chaque regard sur le blé qui pousse.


Saint Paul sur le Christ « Qui est l’image du Dieu invisible, premier engendré de toute la création, car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, soit les thrones, soit les seigneuries, soit les principes, soit les pouvoirs ; toutes les choses à travers lui et pour lui sont créées ; et lui-même a été établi avant toutes choses et toutes les choses en lui, et lui-même est la tête du corps, de l’église. Lui qui est le principe, le premier engendré des morts, afin qu’il soit né en toutes choses premier, car en lui il a décidé qu’habite toute la plénitude, et à travers lui-même de réconcilier (veut dire aussi échanger) toutes choses vers lui, mettant en paix à travers le