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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/247

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L’établissement d’un pouvoir fort semble avoir été l’unique objet de Moïse.


Conte albanais. Un prince construit un temple que tout le monde admire. Un vieux regarde en silence. Interrogé, il dit : « Il lui manque une chose pour être parfait. — Quoi ? — Le rossignol qu’on nomme Ghizari. — Où se trouve-t-il ? — Cela, je ne peux te le dire. Je sais seulement que son chant est le plus beau qu’on ait jamais entendu. » Le prince part à la recherche du rossignol.

Splendide.

Le rossignol est le Saint-Esprit. Il manque en effet quelque chose à un temple où il ne se trouve pas.

Dans les contes, on sait tout de suite quels personnages sont du côté du bien, et on est certain qu’à eux tout réussira, en fin de compte, à travers toutes les épreuves. C’est là l’exacte expression de la vérité dans le domaine spirituel auquel les contes se rapportent. Quand on transpose cela dans les affaires d’ici-bas, c’est de la niaiserie.

Le troisième fils des contes, idiot et à qui il arrive des aventures merveilleuses, c’est le philosophe du Théetète, idiot pour les choses de ce monde ; ce sont les νήπιοι de l’Évangile, les naïfs.

Les contes enferment un trésor de spiritualité d’une antiquité incalculable. Sans doute plus ancien que les mythologies.

Le conte du géant qui cache sa vie est plus ancien que Samson.

Les Troyens fugitifs ont pu diffuser beaucoup de contes.

L’histoire de l’amandier dans Grimm est sûrement bien plus antique que celle d’Atrée et de Thyeste, qui est probablement une version très déformée et très mutilée du même mythe.

Dans les contes, quand quelqu’un part pour acquérir une princesse ou n’importe quel trésor, bien qu’il ne sache pas du tout où il faut aller, s’il laisse tout pour cette recherche et part sans esprit de retour, s’il ne se