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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/275

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La notion de la vertu inconditionnelle des sacrements est parfaitement belle. Mais le refus d’un sacrement ne devrait jamais être possible.

Distribuer les sacrements de telle manière que nul ne puisse avoir de motif de s’en tenir éloigné, sinon la haine et la peur du bien. C’est loin d’être le cas. Aujourd’hui, on peut avoir des motifs légitimes de s’en tenir loin. Cela est scandaleux.

Si le Père céleste envoie la lumière et l’eau aux bons comme aux méchants, certains sacrements doivent être distribués sans aucune discrimination d’aucune espèce.

Seule l’ordination, qui implique une responsabilité, suppose une discrimination.

L’Église s’efforce de faire du Paradis un moyen de chantage et de damner quiconque ne la tient pas pour infaillible.

Elle ne se sanctifiera que si elle abdique en se privant du pouvoir de refuser les sacrements.

Même l’absolution doit être accordée à quiconque la demande, mais en l’avertissant que s’il la reçoit sans vrai repentir elle tournera à sa condamnation, et en l’encourageant à solliciter l’infliction d’une peine susceptible de faire entrer le repentir dans l’âme comme un clou. Mais après cet avertissement, faire ce qu’il veut,

Accorder tout ce qui est demandé. C’est cette facilité qui serait la chose la plus propre à faire ressentir aux âmes une crainte sacrée.

N’exercer d’autorité spirituelle que quand une direction spirituelle a été sollicitée ; mais alors l’exercer sévèrement. Encourager les gens à solliciter une direction.

Mais qu’il n’y ait jamais aucun élément de contrainte sociale. Que toute obéissance soit librement consentie.

Le Christ a expressément interdit aux siens la recherche de l’autorité et du pouvoir. Son Assemblée (Église) ne devrait donc pas être une société.

Quand on est seul, enfermé dans sa chambre, on est entendu par le Père qui habite dans le secret. Quand on est deux ou trois assemblés au nom du Christ, il est là. Apparemment il ne faut pas être plus de trois.