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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/78

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Il veut donner son pain à quiconque en demande, mais seulement à qui le demande, et seulement son pain. Il a abandonné notre être tout entier, sauf la partie de notre âme qui comme Lui réside dans les cieux. Le Christ lui-même n’a su cette vérité que sur la Croix.

La puissance de Dieu ici-bas, comparée à celle du Prince de ce monde, est un infiniment petit.

Dieu a abandonné Dieu.

Dieu s’est vidé. Ce mot enveloppe à la fois la Création et l’Incarnation avec la Passion.


Saint Augustin : il y a eu avant le Christ, hors d’Israël, des « membres spirituels » d’Israël parmi les autres peuples, et à chacun de ceux-là, le Médiateur unique a été divinement révélé comme devant venir. Ex. : Job.

Leur nombre et leur influence ne sont limités par aucune indication. Rien n’empêche de penser que les prêtres d’Égypte, les initiés d’Éleusis à la bonne époque, les Pythagoriciens, les Druides, les gymnosophistes de l’Inde, les Taoïstes chinois, étaient la plupart dans ce cas. Si on l’admet, ces traditions sont vraies, et ceux qui y vivent aujourd’hui sont dans la vérité. Ce n’est pas comme récit historique que la Bonne Nouvelle importe au salut.

Si l’attente angoissée d’un Sauveur a amené à prendre à tort pour ce sauveur le personnage qu’on a nommé Bouddha, s’il est invoqué aujourd’hui comme homme parfait, divin et rédempteur, cette invocation est aussi efficace que celles adressées au Christ.


L’enfer à perpétuité admis par saint Augustin. Il définit le mal comme du non-être. Donc tout ce qui existe est bien sous quelque rapport. Aujourd’hui le diable sert à la sanctification des saints. Après la fin du monde et le jugement dernier, sous quel rapport pourrait-il être bien ? Donc il devient néant, et l’enfer aussi.

(Voir, en fait, comment il s’en tire.)

Cette définition du mal et la croyance à l’enfer per-