Aller au contenu

Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

presque comme un saint, il a des prémonitions, etc.

C’est un grand danger que celui d’aimer Dieu comme un joueur aime le jeu.

Veiller au niveau où l’on met l’infini. Si on le met au niveau où le fini convient seul, peu importe de quel nom on le nomme.

Les parties basses de moi-même doivent aimer Dieu, mais non pas trop. Ce ne serait pas Dieu.

Qu’elles aiment comme on a soif et faim. Seul le plus haut a le droit d’être rassasié.

Crainte de Dieu dans saint Jean de la Croix. N’est-ce pas la crainte de penser à Dieu alors qu’on en est indigne ? De le souiller en le pensant mal ? Par cette crainte, les parties basses s’éloignent de Dieu.

La chair est dangereuse pour autant qu’elle se refuse à aimer Dieu, mais aussi pour autant qu’elle se mêle indiscrètement de l’aimer.

Pourquoi la volonté de combattre un préjugé est-elle un signe certain qu’on en est imprégné ? Elle procède nécessairement d’une obsession. Elle constitue un effort tout à fait stérile pour s’en débarrasser. La lumière de l’attention en pareille