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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/124

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LE MAL

La création : le bien mis en morceaux et éparpillé à travers le mal.

Le mal est l’illimité, mais il n’est pas l’infini.

Seul l’infini limite l’illimité.

Monotonie du mal : rien de nouveau, tout y est équivalent. Rien de réel, tout y est imaginaire.

C’est à cause de cette monotonie que la quantité joue un si grand rôle. Beaucoup de femmes (don Juan) ou d’hommes (Célimène) etc. Condamné à la fausse infinité. C’est là l’enfer même.

Le mal, c’est la licence, et c’est pourquoi il est monotone : il y faut tout tirer de soi. Or il n’est pas donné à l’homme de créer. C’est une mauvaise tentative pour imiter Dieu.

Ne pas connaître et accepter cette impossibilité de créer est la source de beaucoup d’erreurs. Il nous faut imiter l’acte de créer, et il y a deux imitations possibles — l’une réelle, l’autre apparente — conserver et détruire.