Aller au contenu

Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LA CROIX

Quiconque prend l’épée périra par l’épée. Et quiconque ne prend pas l’épée (ou la lâche) périra sur la croix.

Le Christ guérissant des infirmes, ressuscitant des morts, etc., c’est la partie humble, humaine, presque basse de sa mission. La partie surnaturelle, c’est la sueur de sang, le désir insatisfait de consolations humaines, la supplication d’être épargné, le sentiment d’être abandonné de Dieu.

L’abandon au moment suprême de la crucifixion, quel abîme d’amour des deux côtés !

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Là est la véritable preuve que le christianisme est quelque chose de divin.

Pour être juste, il faut être nu et mort. Sans imagination. C’est pourquoi le modèle de la jus-