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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/178

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L’ATTENTION ET LA VOLONTÉ

Non pas comprendre des choses nouvelles, mais parvenir à force de patience, d’effort et de méthode à comprendre les vérités évidentes avec tout soi-même.

Étages de croyance. La vérité la plus vulgaire, quand elle envahit toute l’âme, est comme une révélation.

Essayer de remédier aux fautes par l’attention et non par la volonté.

La volonté n’a de prise que sur quelques mouvements de quelques muscles, associés à la représentation du déplacement des objets proches. Je peux vouloir mettre ma main à plat sur la table. Si la pureté intérieure, ou l’inspiration, ou la vérité dans la pensée étaient nécessairement associées à des attitudes de ce genre, elles pourraient être objet de volonté. Comme il n’en est rien, nous ne pouvons que les implorer. Les implorer, c’est croire que nous avons un Père dans les cieux. Ou cesser de les désirer ? Quoi de pire ? La supplication intérieure est seule raisonnable, car elle évite de raidir des muscles qui n’ont rien à voir dans l’affaire. Quoi de plus sot que de raidir les muscles et serrer les mâchoires à propos de vertu,