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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/180

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C’est seulement l’effort sans désir (non attaché à un objet) qui enferme infailliblement une récompense.

Reculer devant l’objet qu’on poursuit. Seul ce qui est indirect est efficace. On ne fait rien si l’on n’a d’abord reculé.

En tirant sur la grappe, on fait tomber les grains à terre.

Il y a des efforts qui ont l’effet contraire du but recherché (exemple : dévotes aigries, faux ascétismes, certains dévouements, etc.). D’autres sont toujours utiles, même s’ils n’aboutissent pas.

Comment distinguer ?

Peut-être : les uns sont accompagnés de la négation (mensongère) de la misère intérieure. Les autres de l’attention continuellement concentrée sur la distance entre ce qu’on est et ce qu’on aime.

L’amour instruit les dieux et les hommes, car nul n’apprend sans désirer apprendre. La vérité est recherchée non pas en tant que vérité, mais en tant que bien.

L’attention est liée au désir. Non pas à la volonté, mais au désir. Ou, plus exactement, au consentement.

On libère en soi de l’énergie. Mais sans cesse elle s’attache de nouveau. Comment la libérer toute ? Il faut désirer que cela soit fait en nous. Le désirer vraiment. Simplement le désirer, non pas tenter de l’accomplir. Car toute tentative en ce sens est vaine et se paie cher. Dans une telle