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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/212

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Le désir est mauvais et mensonger, mais pourtant sans le désir on ne rechercherait pas le véritable absolu, le véritable illimité. Il faut être passé par là. Malheur des êtres à qui la fatigue ôte cette énergie supplémentaire qui est la source du désir.

Malheur aussi de ceux que le désir aveugle.

Il faut accrocher son désir à l’axe des pôles.

Qu’est-ce qu’il est sacrilège de détruire ? Non pas ce qui est bas, car cela n’a pas d’importance. Non pas ce qui est haut, car, le voudrait-on, on ne peut pas y toucher. Les metaxu. Les metaxu sont la région du bien et du mal.

Ne priver aucun être humain de ses metaxu, c’est-à-dire de ces biens relatifs et mélangés (foyer, patrie, traditions, culture, etc.) qui réchauffent et nourrissent l’âme et sans lesquels, en dehors de la sainteté, une vie humaine n’est pas possible.

Les vrais biens terrestres sont des metaxu. On ne peut respecter ceux d’autrui que dans la mesure où l’on regarde ceux qu’on possède seulement comme des metaxu, ce qui implique qu’on est déjà en route vers le point où l’on peut s’en passer. Pour respecter par exemple les patries étrangères, il faut faire de sa propre patrie, non pas une idole, mais un échelon vers Dieu.

Toutes les facultés jouant librement et sans se mélanger à partir d’un principe un. C’est le micro-